L’intimidation fait mal: deuxième partie
Publié par Lucie Bélanger
L’INTIMIDATION FAIT MAL : AGISSONS
LA VICTIME
Avec ce deuxième texte sur l’intimidation, je nous propose de porter notre regard sur la victime. C’est parfois difficile d’être en présence d’une victime, le mot en lui seul déclenche des réactions et des émotions négatives. Cependant, tout comme l’adolescent intimidateur, la victime a besoin pour son mieux-être d’être compris et accepté dans ce qu’il vit. J’apporterai aussi des pistes pour nous aider à remarquer les signes afin de pouvoir contribuer à faire cesser la situation mais surtout pour venir en aide aux enfants et adolescents blessés. Parfois, il sera nécessaire dans des cas de cyberintimidation et de menaces, de faire appel aux policiers, dépendant la gravité des actes posées. Avec la loi 56 sur l’intimidation dans les écoles, des gestes sont maintenant illégaux et ouvrent la possibilité de poursuites judiciaires.
Dans une situation d’intimidation, nous avons de prime abord de la facilité à être sensible à l’adolescent victime. Être témoin de sa souffrance et le voir être la cible de méchanceté attire un réflexe d’empathie spontané. Nous voudrions vite que la victime d’intimidation oublie la situation et qu’elle développe des stratégies relationnelles pour éviter d’être en contact avec la personne qui l’intimide. Souvent, j’entends des jeunes victimes d’intimidation me dire que pour se sortir de cette situation, ils vont tenter d’ignorer la personne qui les intimide. Ils recevront très souvent ce conseil d’ignorer la situation, en changeant d’amis, de trajets d’autobus ou d’activités.
En soi, ce comportement va parfois désamorcer les gestes d’intimidation à leur égard. Par contre avec ce moyen, l’adolescent apprend à ignorer la souffrance qu’il refoule. Il emprisonne à l’intérieur de lui des émotions, des sensations, des peurs et des perceptions de lui et des autres qui lui font extrêmement mal et ce même si les gestes ont cessé. Ces stratégies d’évitement et de refoulement ne changeront pas la perception négative que la victime a d’elle-même et n’apaiseront pas sa souffrance d’avoir été victime de méchanceté et de violence, d’avoir eu peur, de s’être sentie ridiculisée, humiliée et rejetée. La souffrance de la victime peut être très profonde, surtout si la situation a perduré.
Avec un comportement défensif d’isolement, de repli sur soi et des peurs d’être vu comme une victime, d’être pris en pitié, d’être jugé de faible, l’adolescent victime d’intimidation souffre en silence. Devant les paroles et gestes dénigrants, il développe vite une très mauvaise perception de lui-même. Son estime de soi se démolit au lieu de se construire, ce qui peut l’amener à avoir de la difficulté à se donner de l’importance afin d’exprimer ce qu’il vit. Il se sentira insécure d’aller à l’école et aura peur de ne pas être compris, s’il en parle. Le rejet et le dénigrement dont il est victime attisent un profond sentiment de colère qui souvent nourrit un désir de vengeance et l’amène dans un comportement violent à son tour. Il enrage en dedans de se sentir pris comme dans une cage, car il a très peur de son agresseur. Ainsi éprouvé, il n’est pas à l’abri de vivre un épisode dépressif pouvant mener aux idées suicidaires.
Facile de voir et de comprendre que l’adolescent victime d’intimidation a besoin de rebâtir son estime de soi. Démoli dans la perception de lui-même, il a besoin d’apprendre à s’aimer, à faire confiance et à se faire confiance pour reprendre goût à la vie. Ce sera parfois très difficile de parler de son vécu à ses proches, à ses amis, à ses parents, il a honte de ce qu’il a vécu et honte de ce qu’il ressent de lui. Il a peur d’être jugé de faible, peur d’être banalisé dans ses émotions, (c’est pas grave, tu vas t’en remettre, faudrait que tu en reviennes…) il a peur de déranger les autres avec ses humeurs dépressives ou instables.
Ce qui est difficile à vivre pour les parents, c’est de constater l’ampleur de la souffrance de son enfant victime d’intimidation et de l’entendre. C’est extrêmement difficile de voir son enfant souffrir et de se sentir impuissant. C’est tout ce vécu difficile que j’ai écouté, entendu lors de mon accompagnement thérapeutique avec les jeunes.
Un thérapeute en relation d’aide par l’ANDC, est outillé pour créer cet espace relationnel de non-jugement où la personne peut exister librement et réapprendre à s’aimer. C’est dans l’estime et l’amour de soi, que nous nous sentons heureux, capable de réaliser nos rêves et objectifs. Une thérapie avec l’ANDC aidera l’enfant et l’adolescent victime à s’accepter dans ce qu’il vit afin de se reconstruire avec empathie envers lui-même. L’ANDC (l’Approche Non-Directive Créatrice) est une approche fondée sur la relation authentique entre le thérapeute et son aidé qui place les peurs, les émotions, le fonctionnement psychique et les besoins réels de la personne au centre de la relation thérapeutique. Une thérapie par l’ANDC est une démarche tout à fait appropriée pour aider l’apaisement émotif des personnes victimes d’intimidation et aider à la reconstruction de l’estime de soi.
La responsabilité des parents face à l’intimidation est d’en reconnaître les signes chez leurs enfants et leurs adolescents. Certains sont difficiles à cerner, mais c’est possible de les observer et surtout d’en parler. Souvent la victime d’intimidation ne voudra pas aller à l’école, se trouvera excuses et bonnes raisons, car elle vit de l’anxiété. La peur, l’anxiété et le stress, en plus de la tristesse, peuvent créer des troubles physiques comme les maux de têtes, de ventre, des troubles de sommeil et de concentration. Les résultats scolaires peuvent baisser sans raison apparente. Si l’adolescent est victime de taxage, les parents pourraient croire qu’il perd ses effets personnels. J’ai vu des jeunes adolescents mentir sur la cause de blessures physiques afin de ne pas inquiéter leurs parents.
L’intimidateur quant à lui pourrait arriver à la maison avec des objets nouveaux obtenus par taxage, avoir changé d’amis, être craint par ses amis, être différent dans son comportement, comme par exemple entretenir des paroles dénigrantes envers certains types de personne. L’intimidateur adepte de la cyberintimidation passera de plus en plus de temps sur l’ordinateur.
Maintenant avec la loi 56 sur la lutte à l’intimidation dans les écoles, vous êtes assurés d’avoir de l’aide pour être informés des mesures prises par celles-ci pour lutter contre l’intimidation. De part votre statut de parents d’élève, vous êtes tenus par la loi de dénoncer les gestes d’intimidation dont vous êtes témoin chez votre enfant à l’école. Pour mieux comprendre l’intimidation et reconnaître les indices de ce phénomène chez vos jeunes ou encore dans vos milieux de travail, je vous invite à copier ces liens internet dans votre navigateur afin de les consulter et d’en apprendre davantage.
http://canadasafetycouncil.org/fr/la-securite-au-travail/travailler-avec-un-intimidateur
Toutes les nouvelles connaissances et informations peuvent nous aider à changer et améliorer les choses, mais en cours de route il est important de ne pas laisser sur le bord de la chaussée la souffrance que vivent ces enfants. Les deux adolescents du système relationnel intimidateur-intimidé ont besoin d’aide, de compréhension, d’amour, de notre temps et de notre patience pour changer. C’est notre responsabilité d’agir, de prendre les bonnes décisions pour notre enfant, mais aussi de lutter positivement contre ce fléau.
Je suis sensible de voir à quel point l’intimidation fait mal et qu’elle handicape profondément le développement de la personnalité et de l’identité d’un individu. J’espère vous avoir partagé mon profond désir de faire quelque chose pour la cause!!!
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